Friday, March 11, 2011

La boxe se féminise


Pourquoi les filles font-elle de la boxe?
Contrairement aux autres boxes qui ne comptent pas ou peu de femmes, la boxe française leur a toujours été ouverte. Depuis quelques années, elles font une véritable percée. "Les filles font de la boxe française parce que ce sport est esthétique. Il demande un grand contrôle de soi, beaucoup de souplesse et de précision," raconte Pascale Puibasset, entraîneur.

"Près de chez moi, j'avais le choix entre la danse et la boxe française. Je me suis dit : "Pourquoi pas la boxe?" Au début, mes parents se moquaient de moi. Maintenant, ils prennent ça au sérieux. En classe, mes amis sont étonnés. C'est vrai que je mesure 1,67 m pour 50 kg seulement. Depuis que je pratique ce sport je me sens plus sûre de moi, plus souple, mes réflexes sont meilleurs."
Eve, 16 ans et demi.

Un gracieux bout de femme, sourire charmeur, yeux bleus étonnés dans un visage poupin, et un casque de cheveux frisés. L'anti-portrait d'un boxeur! Et pourtant. Sandrine Matile a à 13 ans, un amour fort discret pour le sport, lorsqu'elle accepte d'accompagner son grand cousin dans la salle de boxe française de l'association sportive de sa ville. Simple curiosité d'adolescente, et, sans doute aussi, un brin d'amusement à la pensée rencontrer des traîne-savates!

Jeu de pieds, jeu de mains : double jeu de vilains... Dans l'instant, le coup de foudre, difficile à analyser comme tous les coups de foudre. Sandrine tente de se souvenir: "Tout d'abord, c'est peut-être l'ambiance qui m'a séduite : un accueil chaleureux, une musique gaie, une bande de bons copains et copines. Et puis j'ai aimé ce qui m'apparaissait comme un loisir, non comme un sport: assouplissements, enchaînements tactiques, art de l'esquive, gestes aériens, souci de ne pas asséner de coup... En fait, on apprend à canaliser son influx nerveux, à se contrôler soi-même. C'est une discipline très éducative." Onze années ont passé. Sandrine a peu grandi (1,57 m sous la toise, 45 à 48 kg sur la balance: une "mini-légère"), mais sa passion pour la boxe française ne cesse de dévorer sa vie. Hôtesse d'accueil à la mairie, elle jongle avec le temps pour pratiquer deux heures de sport chaque jour: course à pied, musculation, vélo, boxe anglaise et, bien entendu, les entraînements spécifiques au sein de son nouveau club "le Gant d'or", accroché à la ville. Avec le temps, la jeune femme a découvert que la boxe française, sport complet où se conjuguent la tête, les jambes et les poings, nécessitait à la fois des qualités physiques et morales: résistance, efficacité, coup d'oeil, humilité, confiance en soi, concentration. Elle avait deux handicaps: trop gentille et potentiel physique insuffisant, explique son entraîneur, Michel Fradet. Sandrine a su les compenser par la persévérance, la technique et le sens tactique. Mais pourquoi diable la douce jeune fille en est-elle venue à se lancer dans le combat total, en 1991? Elle aurait pu, comme la plupart des filles, se contenter des compétitions d'assaut; certes basées sur le toucher et la précision, mais qui excluent les coups donnés trop forts. Style et nuances, en somme. Alors que le combat total, qui allie technique et efficacité, peut mener jusqu'au K.O.

Sandrine, tranquille, explique: "En assaut, les juges ne sont pas toujours clairvoyants. Je me sentais frustrée. Le combat me motive plus: je voulais me prouver quelque chose à moi-même." Même si l'on risque une perte de connaissance, il n'y a jamais eu d'accident grave, grâce à un suivi médical sérieux. Championne de France en combat série nationale (1993, 1994 et 1995), Sandrine poursuivait un rêve, un titre de championne du monde. Chance saisie le 25 novembre 1995, à Romans, face à une Russe, Nathalie Aguirevetz." J'ai gagné grâce à ma technique et à mon mental, affirme la nouvelle championne. Et j'espère avoir prouvé que l'on peut boxer tout en restant féminine." Aucun sponsor, des frais de déplacement remboursés chichement, des incompréhensions chez les collègues lorsque le maire accorde quelques demi-journées pour la préparation du championnat du monde, la "traîne-savates" n'a pas pour autant les pieds cousus d'or! Et le temps des vacances pour les randonnées ou la plongée est souvent écorné par les journées de compétition. Qu'importe! Il y a tant de joie dans les victoires sur l'adversaire ou sur soi-même, dans l'encadrement d'enfants de 10 à 14 ans, à l'âge où la boxe française n'est qu'un jeu. Même pratiqué en combat, ce sport, très codifié, n'est pas plus dangereux que le ski, assure Philippe Templier, président du Gant d'or. Comme le judo, il apporte l'équilibre. Sauf cas exceptionnel, tous ceux qui ont défendu les couleurs de notre club dans un sport de combat se sont bien réalisés dans la vie. Sandrine a la simplicité et la ténacité des grands champions. En ce sens, elle est un exemple. Sandrine a préparé, avec le soin habituel, les championnats de France organisés le 3 février 1996. "Je veux plaire", dit-elle. En finale, elle aura huit minutes pour séduire et vaincre.



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